Des personnes se déclarent hypersensibles à l’électricité ou aux champs électromagnétiques. La question des effets des champs sur les porteurs d’implants médicaux comme les cardio-stimulateurs (ou pace-makers) est aussi fréquemment posée. Contrairement à ce que dit la communauté scientifique internationale, ces deux exemples ne sont-ils pas des preuves de la dangerosité des champs électromagnétiques ?

QU’EST-CE QUE L’ÉLECTRO-HYPER-SENSIBILITÉ ?

Au même titre que d’autres manifestations d’hypersensibilité, comme par exemple aux odeurs ou aux produits chimiques, l’électro-hyper-sensibilité (EHS) se traduit par l’apparition de symptômes divers (maux de tête, troubles du sommeil, voire atteintes dermatologiques, etc.) que les malades attribuent aux champs électromagnétiques, à des niveaux d’exposition très faibles et habituellement considérés comme sans effets. C’est en Suède que sont apparus les premiers cas dans les années 1980, au moment du déploiement de l’informatique et à l’apparition des écrans d’ordinateurs sur les postes de travail.

La science évoque de son côté des « intolérances environnementales idiopathiques », ce dernier terme évoquant le fait que les scientifiques ne savent pas attribuer formellement la cause de l’intolérance. De fait, si personne ne nie la réalité des symptômes et des souffrances des personnes EHS, il reste vrai que le lien entre EHS et exposition aux CEM est fait par les malades eux-mêmes, mais ce lien n’est pas étayé par les études scientifiques.

Du point de vue scientifique, rien ne permet aujourd’hui de considérer que l’EHS  est due à l’exposition aux CEM, mais il s’agit sans le moindre doute d’une pathologie réelle, quelle qu’en soit la cause, à prendre en charge spécifiquement. Les études menées amènent aussi les médecins à s’interroger sur l’origine psychologique des symptômes rencontrés. Certains scientifiques avancent l’hypothèse d’un effet « nocebo ». L’attente d’un effet négatif, que le sujet attribue à une cause, par exemple à un équipement Wifi  ou à une antenne relai de téléphonie mobile, provoque l’inquiétude voire le stress et conduit à l’apparition de symptômes réels.

Pour en savoir plus, il est conseillé de se reporter à l’avis de l’ANSES publié en 2017, avis qui s’appuie sur une expertise d’ampleur exceptionnelle qui a pris en compte un très grand nombre d’études et d’hypothèses pour analyser l’EHS. L’avis est consultable en ligne ici : https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2011SA0150Ra.pdf

Communiqué de presse : https://www.anses.fr/fr/content/hypersensibilit%C3%A9-aux-ondes-%C3%A9lectromagn%C3%A9tiques-amplifier-l%E2%80%99effort-de-recherche-et-adapter-la

ET POUR LES PORTEURS DE CARDIO-STIMULATEURS ?

Une attention particulière a été portée aux porteurs d’implants médicaux actifs comme les cardio-stimulateurs (pacemaker) ou les DAI (Défibrillateurs Automatiques Implantables), notamment dans certains environnements professionnels où de fortes expositions peuvent être rencontrées. La question qui pourrait se poser n’est pas celle de l’effet direct des champs sur la santé du porteur d’implant, mais celle de la perturbation électromagnétique éventuelle du bon fonctionnement du cardio-stimulateur. Il s’agit donc de compatibilité électromagnétique des implants médicaux avec leur environnement quotidien.

En effet, ces appareils intègrent de l’électronique et sont équipés d’une sonde de mesure afin de capter, analyser et, au besoin suppléer, le signal électrique cardiaque. Il est donc important de s’assurer que ce système ne soit pas perturbé par des signaux électriques parasites, tels que ceux que peuvent engendrer les champs électromagnétiques. Les études réalisées en laboratoire et sur volontaires humains montrent que dans les conditions d’exposition correspondant à celles rencontrées dans les lieux publics, le risque de dysfonctionnement est quasiment nul. De même, à ce jour, aucun cas de dysfonctionnement de stimulateur cardiaque au voisinage d’un ouvrage à haute tension n’a été porté à la connaissance de RTE. A noter d’ailleurs que de nombreux appareils électriques domestiques émettent localement des champs magnétiques très supérieurs à ceux des lignes à haute tension et les fabricants d’implants doivent évidemment en tenir compte.

En revanche, dans un environnement professionnel où les CEM peuvent atteindre des valeurs élevées (par exemple, plus de 10 000 V/m dans un poste électrique à très haute tension), le port d’un implant médical doit être considéré avec attention. La Directive européenne sur la limitation des expositions des travailleurs aux CEM (Directive 2013/35/UE) considère d’ailleurs que les porteurs d’implants doivent être considérés comme des « travailleurs à risque particulier » et leur poste de travail doit donc faire l’objet d’une étude de risque spécifique avant que le médecin du travail ne puisse prononcer l’aptitude du travailleur.